Colette

1 ouvrage paru chez Magnard

Colette avait un prénom pour nom de famille : sans doute est-ce la première de ses singularités. Née à Saint-Sauveur-en-Puisaye en 1873, Sidonie Gabrielle Colette est la dernière des quatre enfants du Capitaine Colette. Adorée par sa mère, à laquelle elle consacre le roman Sido en 1930, elle reçoit une éducation libre et laïque, partagée entre la bibliothèque paternelle et ses vagabondages dans la campagne bourguignonne, qu’elle quitte en 1893, lorsqu’elle rencontre Henry Gautier-Villars. Cet auteur de romans populaires, connu sous le pseudonyme « Willy », lui propose d’écrire ses souvenirs d’enfance, l’encourageant à utiliser des régionalismes bourguignons et à évoquer le quotidien et l’intimité des institutrices et des élèves de cette école rurale. Claudine à l’école paraît en 1900, d’abord présenté comme le journal qu’une jeune fille inconnue aurait envoyé à Willy. Les sujets abordés font scandale dans la prude société de la IIIe république. Saint-Sauveur-en-Puisaye se reconnaît dans Montigny-en-Fresnois, l’institutrice-adjointe est mutée, et la grande Anaïs, devenue à son tour directrice d’école, ne cache pas sa rancœur. Ce roman en est-il pour autant une autobiographie ? Il faudrait pour cela que la narratrice soit Colette elle-même, et que l’ensemble de ce qui est raconté soit avéré. Or, l’écrivain assaisonne la vérité au mensonge dans une proportion difficile à connaître.

Cette autofiction, selon le terme consacré, est bientôt enrichie : Claudine à Paris paraît en 1901, Claudine en ménage en 1902, et Claudine s’en va en 1903. Colette est alors un auteur reconnu, parfois classé parmi les écrivains régionalistes pour ses descriptions sensuelles et justes de la campagne bourguignonne. Le succès des Dialogues de bêtes, en 1904, en fait également une référence en matière de littérature animalières pour les enfants des écoles. Mais sa soif de liberté est trop grande pour subir l’enfermement d’un genre ou d’un quelconque mouvement littéraire. Après son divorce en 1910, elle épouse Henry de Jouvenel, rédacteur en chef du Matin, un journal dans lequel elle écrit avant d’en diriger la publication. Ils auront une fille, surnommée Bel Gazou. S’inspirant de sa liaison avec le fils de son mari, Colette écrit alors Le Blé en herbe, et divorce à nouveau en 1923. La trop grande liberté morale du roman choque tout autant que ses expériences de danseuse au music hall ou ses aventures avec d’autres femmes.

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