Fedor Dostoïevski

1 ouvrage paru chez Magnard

Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski naît à Moscou, le 30 octobre 1821 – la même année que Baudelaire et Flaubert, dont il partage l’ironie amère et le romantisme refoulé. Dans l’hôpital où exerce son père médecin, il rencontre le monde des « Humiliés et Offensés » qui, comme sa mère, mystique, et son père, tyran domestique, offrent matière à ses futurs romans. Il souhaite la disparition de son père, mais c’est sa mère qui meurt. Il subit alors le despotisme d’un veuf ivrogne qui le place à l’École des ingénieurs de Saint-Pétersbourg. Il échappe à cet univers de sciences exactes et de discipline militaire en se passionnant pour la littérature russe et française. Le meurtre de son père (assassiné par ses propres serfs, à bout de persécutions) engendre une culpabilité dont il devine qu’elle est l’emblème de la condition humaine.

À vingt ans, ses études achevées, il vivote de traductions (Balzac, Schiller) et d’articles puis rédige Les Pauvres Gens. Le succès s’annonce, mais ses nouveaux romans déçoivent. Désabusé, il fréquente le groupe progressiste Petrachevski où l’on brasse des idées libérales (liberté parlementaire, abolition du servage, etc.), ce qui lui vaut d’être condamné à mort le 29 décembre 1849. Au moment où l’on va le fusiller, sa condamnation est commuée en quatre ans de travaux forcés en Sibérie. Cette peine, qui aggravera son épilepsie et sa tuberculose, le transforme : chaque jour est un sursis ; la religion le protège du désespoir et des codétenus voleurs, violeurs et meurtriers.

Libéré, il doit incorporer un régiment de tirailleurs sibériens (1855) et s’entiche d’une femme dure, qui ne l’aime pas. Il l’épouse et adopte son fils. Le nouveau tsar (Alexandre II) devrait lui permettre de recommencer à Pétersbourg sa carrière littéraire. Mais ce n’est qu’en 1859 qu’il rentre et reprend ses romans, nourris d’expériences douloureuses, puis fonde une revue. La mort de son frère et de sa femme plonge Dostoïevski dans la douleur et les dettes. Il multiplie les romans, les articles, emprunte et joue pour doubler ses fonds ; il perd, évidemment. Sa « vitalité de chat » le tient debout et il épouse sa sténographe, plus jeune de vingt ans, Anna Grigorievna. Fuir les créanciers, plus même que se soigner, conduit Dostoïevski en divers pays d’Europe. La misère, la mort de sa petite fille, la folie du jeu le mènent au désespoir, et l'épilepsie revient. Mais il continue d'écrire, la nuit : ses projets se multiplient en autant de romans ; ses personnages matriciels se subdivisent en autant de femmes fantasques, de révolutionnaires sincères ou pervers, d’humbles victimes et de bourreaux ambigus.

Il rentre en Russie à cinquante ans, célébré pour ses romans foudroyants et perçu comme un nouvel idéologue. Il édite le Journal d’un écrivain dont l'orientation orthodoxe et réactionnaire semble démentie par ses romans polyphoniques. Le dernier, Les Frères Karamazov, est un immense succès, mais Dostoïevski profite peu de cette gloire universelle chèrement acquise : il meurt peu après d’une hémorragie, le 28 janvier 1881.

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